Robert et Clara

jeudi 12 décembre, 2024 19h30

Maison des arts Desjardins Drummondville175 Rue Ringuet, Drummondville, QC J2C 2P7


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Programme

Robert Schumann et sa femme Clara Wieck font partie de ces couples mythiques du monde de la musique. Avec sa pièce Clara, la compositrice mexicaine Gabriela Ortiz rend hommage à cette grande figure du féminisme musical que fût la femme de Robert Schumann et se questionne sur l’intrigante relation qui peut exister entre deux compositeurs d’exception. Pour compléter le programme, nous interpréterons la 4e symphonie de Robert Schumann et accueillerons la pianiste Élisabeth Pion dans le concerto pour piano de Ravel. Le tout sous la direction du chef invité Andrei Feher.

Andrei Feher


Chef d'orchestre

Gabriela Ortiz (née en 1964)

Clara

Clara rend hommage à Clara Wieck Schumann, pianiste virtuose, compositrice du 19e siècle et épouse de Robert Schumann.

Née en 1964 à Mexico, Gabriela Ortiz puise son inspiration dans la musique populaire et folklorique de son pays tout en explorant les possibilités de la musique contemporaine. Sa formation musicale éclectique se reflète dans son style unique.

Clara est divisée en cinq sections jouées sans interruption : « Clara », « Robert », « My response », « Robert’s subconscious » et « Always Clara ». Dans chacune de ces sections, Gabriela Ortiz cherche à exprimer les personnalités uniques et complexes de Clara et Robert sans chercher à les interpréter ou les illustrer, mais plutôt en mettant en valeur leur expressivité et leur force.

L’œuvre utilise un leitmotiv rythmique récurrent et un thème mélodique au hautbois pour représenter le monde intérieur de Clara. La section centrale « My response » explore une citation controversée de Clara Schumann remettant en question la capacité des femmes à composer. Ortiz y répond avec sa propre voix musicale caractérisée par une force rythmique et une couleur distinctive.

Clara est plus qu’un simple hommage, c’est une déclaration puissante sur la place des femmes dans la musique. « Ce morceau représente une reconnaissance de Clara, un hommage à elle et ma réponse définitive et retentissante à sa question. C’est aussi l’expression de ma gratitude envers toutes les femmes qui, à leur époque, ont défié la société dans laquelle elles ont grandi en manifestant leur œuvre artistique. » (Gabriela Ortiz)

Grâce à son œuvre, Ortiz crée un dialogue imaginaire entre passé et présent qui célèbre l’héritage de Clara Schumann tout en honorant la voix des compositrices contemporaines.

« I fell in love with music once I understood that sounds have souls, and it is through them that one may speak of oneself. » (traduction française libre : Je suis tombée amoureuse de la musique lorsque j’ai compris que les sons ont des âmes, et que c’est à travers eux que l’on peut parler de soi-même.)

Gabriela Ortiz

Maurice Ravel (1875-1937)

Concerto en sol pour piano

I. Allegramente
II. Adagio assai
III. Presto

Le Concerto pour piano en sol de Maurice Ravel est le fruit d’une période d’intense activité pour le compositeur. Après une tournée triomphale aux États-Unis en 1928, Ravel entreprend l’écriture de deux concertos simultanément : celui-ci et le Concerto pour la main gauche.

Le Concerto en sol reflète diverses influences : l’esprit de Mozart dans son orchestration légère et sa forme concise, la clarté de Saint-Saëns, mais aussi des touches plus modernes. On y retrouve notamment des échos du jazz de Gershwin (que Ravel avait rencontré à New York), des accents de Stravinski et la virtuosité pianistique de Prokofiev.

L’œuvre comporte trois mouvements. L’Allegramente initial alterne entre un thème vif et rythmique et des mélodies teintées de blues. L’Adagio assai, d’une magnifique simplicité, déploie une longue mélodie au piano. Le Presto final est un mouvement virtuose plein de verve ponctué de commentaires spontanés des vents. On y retrouve encore une fois l’influence de Gershwin.

Ce concerto, avec son mélange unique de tradition classique et d’innovations modernes, illustre parfaitement le style de Ravel dans ses dernières années : une recherche de clarté, de concision et de perfection technique, tout en intégrant des influences contemporaines variées.

« Je n’ai écrit qu’un seul chef-d’œuvre, le Boléro, malheureusement il ne contient pas de musique. »

Maurice Ravel

Robert Schumann (1810-1856)

Symphonie n° 4

I. Ziemlich langsam – Lebhaft
II. Romanze: Ziemlich langsam
III. Scherzo: Lebhaft
IV. Langsam – Lebhaft – Schneller – Presto

La Symphonie n° 4 de Robert Schumann est un témoignage émouvant de l’amour profond qui unissait le compositeur à son épouse Clara. Bien qu’elle porte le numéro 4, cette œuvre est en réalité la deuxième symphonie composée par Schumann peu après son mariage. L’empreinte de Clara y est d’ailleurs omniprésente, le jeune époux ayant basé le thème principal sur le prénom de sa bien-aimée.

Structurée en quatre mouvements, la symphonie est néanmoins conçue pour être jouée en un seul bloc.

Créée une première fois en 1841, l’œuvre reçoit un accueil mitigé qui pousse Schumann à la mettre de côté. Ce n’est qu’une décennie plus tard qu’il la remanie. Clara décrit la version finale ainsi : « La Quatrième Symphonie de Robert me semble la plus passionnée. Elle me transporte des profondeurs les plus sombres aux hauteurs les plus lumineuses de l’âme. »

L’œuvre s’ouvre sur une introduction lente et mystérieuse d’où émerge un thème passionné qui servira de fil conducteur. Le premier mouvement est une explosion d’énergie romantique alternant entre moments de tension dramatique et passages lyriques.

Le deuxième mouvement, une délicate romance, est davantage contemplatif. Le thème principal, joué par le hautbois solo, rappelle la beauté poignante des lieder de Schumann.

Le scherzo qui suit est plein de vigueur et d’esprit avec des contrastes saisissants et s’enchaîne sur le finale qui reprend des éléments thématiques des mouvements précédents. La coda, avec ses accélérations progressives, mène à une conclusion exubérante.

« Il régnera chez nous une obscurité de rêve, il y aura des fleurs aux fenêtres, des murs bleu pâle, des gravures, un piano à queue et, là, nous nous aimerons unis dans une profonde fidélité. Tu me guideras avec beaucoup de douceur, tu me diras mes erreurs. Mais quand je serai sur la bonne voie, tu me le diras aussi et je ferai de même pour toi. »

Lettre de Robert à Clara