Délires amoureux
jeudi 28 septembre, 2023 19h30
Maison des arts Desjardins Drummondville175 Rue Ringuet, Drummondville, QC J2C 2P7
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Programme
Symphonie fantastique
Concerto pour deux pianos et orchestre
Pavane pour une infante défunte
Notre saison s’ouvre en grand avec un concert de musique française qui vous en mettra plein la vue. Tout d’abord, le Duo Fortin-Poirier nous présente le pétillant Concerto pour deux pianos de Poulenc, puis Berlioz nous entraîne dans son délire onirique à la recherche de sa bien-aimée. À travers les 5 mouvements de sa symphonie, nous l’accompagnerons dans un parcours fantastique qui nous transportera de la salle de bal… jusqu’en enfer!
« La première fois que j’ai joué du violoncelle dans un orchestre, j’ai été totalement enivré (même si j’étais terrifié!) par l’incroyable force qui émanait de tous ces musiciens qui jouaient en même temps. La Symphonie fantastique de Berlioz fait justement partie de ces premiers souvenirs d’orchestre, avec son orchestration éblouissante, l’incroyable puissance sonore qui s’en dégage, mais surtout, la folie hallucinante de cette partition si singulière. »
Julien Proulx
Chef d’orchestre
Duo Fortin-Poirier
Pianos
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique
I. Rêveries et passions
II. Un bal
III. Scène aux champs
IV. Marche au supplice
V. Songe d’une nuit de sabbat
Véritable œuvre-phare, la Symphonique fantastique démontre l’extraordinaire talent d’orchestrateur de Berlioz. Mêlant avec hardiesse les différents timbres, il y obtient des sonorités encore jamais explorées. Créée en 1830 à Paris, la symphonie séduit immédiatement le public. Elle est le reflet ardent de la passion dévorante que Berlioz éprouve alors pour l’actrice Harriet Smithson. Cette dernière y est d’ailleurs représentée tout au long de l’œuvre par un motif musical que le compositeur nomme l’« idée fixe », un thème récurrent qui évolue en parallèle avec les émotions du protagoniste.
La symphonie se compose de cinq mouvements, chacun portant un fragment du programme rédigé de la main même du compositeur. Le premier mouvement nous plonge dans les méandres tumultueux des passions d’un jeune musicien éperdument épris d’une femme (rien à voir avec Berlioz, bien sûr…!).
Le deuxième mouvement, évoquant le tumulte d’un bal, se transforme en une valse envoûtante. C’est un tourbillon musical qui capture l’effervescence de la fête. La Scène aux champs, troisième mouvement, fait écho à la Symphonie pastorale de Beethoven avec ses paysages bucoliques.
Dans le quatrième mouvement, intitulé la Marche au supplice, le musicien imagine qu’il a tué sa bien-aimée et qu’il est conduit à l’échafaud. L’orchestration sombre, dominée par les cordes graves et une marche descendante des cuivres et des bois, crée une atmosphère angoissante et oppressante.
Enfin, le Finale explique le titre de la symphonie. L’idée fixe prend une tournure grotesque alors qu’elle se mêle à une bacchanale diabolique lors d’une nuit de sabbat. Ponctué du Dies irae et du glas des cloches tubulaires, le mouvement se conclut dans une agitation apocalyptique.
La Symphonie fantastique reste une œuvre incontournable, à la fois pour son innovation musicale et pour son pouvoir évocateur. Elle est le témoignage poignant d’une passion amoureuse tourmentée et de l’extraordinaire créativité de son compositeur.
« Laquelle des deux puissances peut élever l’homme aux plus sublimes hauteurs, l’amour ou la musique ? L’amour ne peut pas donner une idée de la musique, la musique peut en donner une de l’amour… Pourquoi séparer l’un de l’autre ? Ce sont les deux ailes de l’âme. »
Hector Berlioz
Rédaction: Catherine Mathieu
Francis Poulenc (1899-1963)
Concerto pour deux pianos et orchestre
I. Allegro
II. Larghetto
III. Final (Allegro molto)
Ayant reçu une commande de la princesse Edmond de Polignac, Poulenc se met à la tâche pour écrire du « pur Poulenc » (ses propres mots!) durant l’été 1932. Créé lors du Festival international de musique de Venise le 5 septembre 1932 avec le compositeur et son ami Jacques Février comme solistes, le Concerto pour deux pianos et orchestre alterne entre légèreté et profondeur, exubérance et calme. Heureux amalgame de virtuosité et d’humour subtil (si caractéristique de Poulenc), l’œuvre fait partie des incontournables du répertoire pour deux pianos.
De forme ternaire, le premier mouvement saute rapidement dans le vif du sujet avec l’entrée des solistes dialoguant avec complicité. Cette première section énergique, rappelant à plusieurs égards Stravinsky, fait ensuite place à une mélodie lente avant de retourner au tempo initial sur un nouveau thème cette fois. Un brusque silence rompu par une courte intervention des violoncelles, un pizzicato énergique et les castagnettes annoncent le début de la coda dans une « ambiance mystérieuse et claire tout à la fois ». Influencée par la musique balinaise avec laquelle Poulenc avait été en contact quelques mois plus tôt, une mélodie répétitive basée sur six notes conclue ce mouvement.
L’admiration de Poulenc pour la musique de Mozart transparaît dans le Larghetto qui contraste avec son caractère intime et éthéré. Après un crescendo menant à un bref sommet d’intensité et de virtuosité, le mouvement s’achève par le retour au calme mozartien de l’introduction.
Véritable explosion d’énergie, le Finale est d’un enthousiasme contagieux. Les différents motifs mélodiques qui rebondissent avec exubérance et l’époustouflante virtuosité des pianistes, mise en valeur de la première à la dernière mesure, font de ce dernier mouvement un tourbillon de joie musicale qui reflète bien la vivacité de la musique française de cette époque.
« La musique doit humblement chercher à faire plaisir, l’extrême complication est le contraire de l’art. »
Francis Poulenc
Rédaction: Catherine Mathieu
Maurice Ravel (1875-1937)
Pavane pour une infante défunte
Avant d’élucider le titre énigmatique de cette célèbre pièce de Ravel, un mot sur la princesse Edmond de Polignac que nous avons précédemment mentionnée dans les notes du Concerto pour deux pianos de Poulenc.
Née Winnaretta Singer (son père est l’inventeur de la machine à coudre), la princesse Edmond de Polignac voue sa vie aux différents arts, mais porte une affection toute particulière pour la musique qu’elle pratique fort bien d’ailleurs. Elle crée un salon que tous les artistes français du début du XXe siècle fréquentent. Dotée d’une sensibilité artistique hors du commun, elle soutient en particulier les jeunes artistes encore méconnus (dont Ravel, Poulenc et Stravinsky, rien de moins!). Plusieurs de ces talents émergents lui dédieront des œuvres.
C’est notamment le cas de Ravel et sa Pavane pour une infante défunte créée en avril 1902 à la Société nationale de musique. D’abord écrite pour le piano, Ravel en fait une version orchestrale en 1910.
Le titre fait référence à une danse de cour lente et cérémonieuse de la Renaissance qu’on retrouvait surtout en Espagne. Quant à l’« infante », Ravel ne se réfère pas à une personne en particulier ici, mais utilise le nom que l’on donnait aux enfants des rois d’Espagne et du Portugal qui n’étaient pas les aînés. L’allitération « infante défunte » explique le caractère mélancolique de cette belle mélodie magnifiée par l’orchestration subtile de Ravel qui crée une palette sonore d’une richesse inouïe.
« La musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre pourvu qu’elle charme et reste enfin, et toujours, de la musique. »
Maurice Ravel
Rédaction: Catherine Mathieu