Nous soulignons cette année la 10e saison de notre chef et directeur artistique Julien Proulx à l’orchestre. Une décennie musicale riche et foisonnante sous le signe de la communauté, de la découverte et de la passion. Pour souligner cet anniversaire, le chef s’offre un concert Carte blanche, où il se fait plaisir avec du répertoire à son image.
Quel chemin ces dix ans ont-ils permis de parcourir? Quels projets mémorables en ont émergé? Et que nous réserve ce Concert carte blanche – les choix du chef? On en discute avec le principal intéressé.
Une décennie de développement
Avec l’ajout de plusieurs concerts, l’arrivée de projets numériques et une pandémie, on peut dire que les dix dernières années ont été bien chargées pour le chef d’orchestre.
«Depuis mon arrivée, l’orchestre s’est beaucoup développé. Dès le départ, j’ai voulu travailler la cohésion et le jeu d’ensemble. Maintenant, quand on entre en salle de répétition, tout est quand même simple. Il y a une façon de faire qui s’est installée, on commence à travailler sur une base déjà existante de plus en plus solide, ce qui nous permet d’aller plus loin. On peut bouger plus, on est plus libre, on peut prendre plus de risques, et ça, c’est super le fun.»
Les idées d’abord
Dans sa façon d’approcher la musique, le chef se distingue de ce qui se fait souvent ailleurs. En répétition, plutôt que de se pencher d’abord sur les aspects et les défis techniques, Julien préfère parler d’emblée des idées musicales.
«C’est un choix artistique et de développement. Ça peut sembler plus dangereux de débuter en plaçant les idées, les grandes lignes et le discours, mais ça permet à plusieurs choses de s’installer et on raffine par la suite. Quand on arrive en concert et que le Jell-O prend, c’est fantastique parce qu’on s’en va tous dans la même direction. Je trouve ça plus intéressant.»
Cette approche demande une grande confiance de la part des musiciens et musiciennes envers sa démarche. «Ça peut être déstabilisant au début. Les musiciens et musiciennes qui font ce processus-là avec moi depuis maintenant 10 ans voient qu’on arrive à de très bons résultats.. On peut faire confiance au processus et tout le monde embarque.»
Un public ouvert et réceptif
Depuis 10 ans, le public de l’OSD découvre avec bonheur les pépites que lui réserve le chef année après année. «Ça a été très rapide, la connexion avec le public drummondvillois. J’ai rapidement senti, après 2 ou 3 saisons, qu’il ne se déplaçait pas tant pour entendre des œuvres que pour voir l’orchestre lui-même. Le public a assez confiance en notre programmation pour se dire que peu importe ce qui sera présenté, ça va être le fun. Et ça, ça me donne une grande liberté.»
Un terrain de jeu pour aller au bout de ses idées
Travailler à long terme avec un orchestre apporte à Julien un espace fantastique pour explorer ses idées. «C’est bien d’avoir des idées, mais de pouvoir les développer, les essayer, les valider, les ajuster, c’est précieux.» En témoignent les concerts «champ gauche» qu’il programme chaque année où se rencontrent différentes formes d’art, les capsules numériques sorties pendant et après la pandémie ainsi que la série des Causeries musicales.
«La pandémie a eu ça de beau qu’elle nous a plongés dans une effervescence que je n’ai pas détestée. On créait dans l’urgence, mais sans attente. En enlevant le poids du résultat, je trouve qu’on a été encore plus loin. On s’est permis d’être plus radicaux dans nos idées et il y a des choses incroyables qui en sont sorties.»
Les choix du chef: un concert à l’image de Julien Proulx
Musique vocale pour hommes, romantisme allemand, découverte de répertoire: la soirée du 15 février prochain touchera à plusieurs éléments qu’affectionne particulièrement le chef d’orchestre.
La sonorité des chœurs d’hommes
La musique vocale est au cœur des passions de Julien, qui a également œuvré comme chef de chœur pendant plusieurs années. «Je me paye la traite en présentant deux pièces que j’avais envie de faire depuis longtemps, qui sont très rarement interprétées en concert et que presque personne ne connaît: une pour mezzo-soprano et chœur d’hommes, et une pièce pour chœur d’hommes et orchestre à cordes graves (altos, violoncelles et contrebasses).»
Celui qui a déjà fait partie des Petits chanteurs du Mont-Royal et d’un barbershop quartet est très attaché au répertoire et à la sonorité des chœurs d’hommes. «Spontanément, ce sont peut-être les Chœurs de l’Armée rouge qui nous viennent en tête, mais chez Schubert, c’est tout en douceur, tout en subtilité. Et il y a un fort esprit de gang aussi. Schubert a écrit énormément de musique vocale pour hommes, et plusieurs pièces ont été composées pour chanter entre amis. Il y a quelque chose de l’ordre du rassemblement et du bonheur d’être ensemble qui me plaît beaucoup.»
Brahms et le romantisme allemand
Brahms étant une figure importante du développement de l’Orchestre symphonique de Drummondville depuis la nomination de Julien comme directeur artistique, il se taille une place de choix dans le programme du concert.
«Quand je suis arrivé à l’orchestre, j’ai voulu travailler la cohésion et le jeu d’ensemble, et la musique de Brahms, c’est une musique qu’on doit prendre à bras-le-corps, dans laquelle tout le monde n’a pas le choix d’embarquer. Toutes les voix intermédiaires sont importantes. J’ai donc programmé un cycle de Brahms sur cinq ans, et on a commencé par la première symphonie . De la reprendre 10 ans plus tard, c’est une façon de prendre le pouls d’où on est rendu maintenant. Comment ça va sonner après tout ce temps?»
Grand adepte de musique romantique allemande, Julien perçoit chez Brahms une superposition des émotions qui lui rappelle le clair-obscur propre à la vie. «Quand c’est triste, il y a quand même de la lumière, et quand c’est joyeux, il y a un attachement, un ancrage qui fait qu’on n’est pas seulement dans une joie tonitruante. Je trouve que la musique de Brahms ressemble à la vie, ce n’est pas tout noir ou tout blanc dans les émotions, il y a plusieurs couches en même temps. C’est ce qui fait que je l’aime comme compositeur.»
C’est un rendez-vous!
À tout ce répertoire intrigant et enthousiasmant s’ajoute la présence de la mezzo-soprano Michèle Losier, une chanteuse québécoise qui habite et fait maintenant carrière en Europe. Une présence qui réjouit le chef d’orchestre. «Elle a la voix parfaite pour ce répertoire. Et c’est un plaisir d’accueillir une artiste d’ici qui rayonne à l’étranger!»
Pour assister à cette soirée de réjouissances mémorable, procurez-vous vos billets ici.