Visions d’Amérique
jeudi 17 novembre, 2022 19h30
Maison des arts Desjardins Drummondville - Salle Principale175 Rue Ringuet, Drummondville, QC J2C 2P7
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Programme
Le Saint-Laurent, poème symphonique
Wood Notes
Thème et variations, op. 42
Die sieben Todsünden (Les sept péchés capitaux)
Ce concert vous propose un voyage à travers les grands espaces d’Amérique, du majestueux Saint-Laurent aux forêts du sud-est des États-Unis. Vous aurez l'occasion d'y découvrir une œuvre hors du commun, Les sept péchés capitaux, dernière collaboration de Kurt Weill et Bertolt Brecht à qui l’on doit aussi le célèbre Opéra de quat’sous.
Denis Plante
Conception visuelle
Sylvain Carignan
Éclairages
Marc Bélanger (né en 1940)
Le Saint-Laurent, poème symphonique
I. Brise légère sur le golfe
II. Calme plat
III. Tempête sur l’estuaire
IV. Fjord du Saguenay
V. Scène faunique
VI. Voiliers contre vagues
VII. Lever de lune
VIII. Brise-glace et débâcle
IX. Paquebot à St-Michel et ses vagues
X. Clin d’œil à Trois-Rivières
XI. Feux d’artifice à Montréal
S’échelonnant sur onze tableaux, ce poème symphonique nous fait parcourir le fleuve du golfe à Montréal au gré de climats et températures variées. L’œuvre s’offre plutôt comme une évocation de la musique inspirée par les différentes scènes que nous présente le fleuve que comme une description rigoureuse des sons et bruits que l’on y retrouve. À l’occasion toutefois, on entendra le chant des mouettes, des sirènes de bateau, les glaces lors de la débâcle… Une place est laissée à l’imaginaire de l’auditeur. Bonne croisière !
Texte : Marc Bélanger
William Grant Still (1895-1978)
Wood Notes
I. Singing River
II. Autumn Night
III. Moon Dusk
IV. Whippoorwill’s Shoes
Considéré comme le doyen des compositeurs classiques afro-américains, William Grant Still a écrit plus de 150 œuvres incluant des opéras, des ballets, des symphonies, des œuvres de musique de chambre ainsi que des arrangements de chansons populaires. Bien qu’ayant été l’élève d’Edgar Varèse – l’un des artistes les plus libres d’esprit du XXe siècle –, Still utilise autant des formules tirées du blues, du spiritual et du jazz que des mélodies lyriques néo-romantiques et une harmonie tonale conventionnelle. Son style dénote une forte influence américaine.
Composé en 1947, Wood Notes est conçu comme une suite pour orchestre en quatre mouvements inspirée du poète américain J. Mitchell Pilcher. Créée le 22 avril 1948 par l’Orchestre symphonique de Chicago sous la direction d’Arthur Rodziński, l’œuvre décrit en musique quatre éléments de la nature. La couleur des timbres orchestraux confère à l’ensemble un caractère pastoral.
Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)
Thème et variations, op. 42
Enfant extrêmement doué – Mahler le considère comme un génie –, Korngold tombe rapidement dans l’oubli après le succès de son premier opéra La Ville morte en 1920. Fuyant le nazisme, il s’installe aux États-Unis où il devient une référence en tant que compositeur de musique de film. Bien loin des explorations atonales de ses compatriotes viennois, son style est profondément ancré dans le romantisme tardif du tournant du XXe siècle.
Son célèbre Concerto pour violon éclipse malheureusement trop souvent ses autres œuvres. Commandé par un éditeur de musique pour orchestres d’étudiants, le Thème et variations est créé le 22 novembre 1953 à Inglewood sous la direction d’Ernst Gebert. Le thème, bien qu’écrit par Korngold, se veut une « mélodie populaire irlandaise » suivie de sept variations. Fait à noter, la veuve de Korngold a rapporté que son mari avait tout d’abord refusé de répondre à la commande puisqu’il était persuadé depuis l’enfance que son catalogue s’arrêterait à l’opus 42. Or, la prémonition de Korngold semble s’être réalisée puisque le Thème et variations est effectivement la dernière œuvre du catalogue du compositeur…
Kurt Weill (1900-1950) et Bertolt Brecht (1898-1956)
Die sieben Todsünden (Les sept péchés capitaux)
I. Prologue
II. La Paresse (Allegro vivace)
III. L’Orgueil (Allegretto, quasi andantino)
IV. La Colère (Molto agitato)
V. La Gourmandise (Largo)
VI. La Luxure (Moderato)
VII. L’Avarice (Allegro giusto)
VIII. L’Envie (Allegro non troppo : alla Marcia, un poco tenuto)
IX. Épilogue.
Kurt Weill connaît un énorme succès en Allemagne dans les années 1920. Son célèbre Opéra de quat’sous – créé en collaboration avec Bertold Brecht – lui confère une renommée internationale. L’arrivée au pouvoir de Hitler l’obligera toutefois à s’exiler en France, puis aux États-Unis. Ses origines juives, son penchant pour les idées de gauche et ses œuvres où musique de cabaret, fox-trot, chansons populaires, musique classique et jazz se côtoient font de lui une cible de prédilection pour les nazis.
C’est donc à Paris qu’il reçoit une commande du mécène Edward James et du fondateur des Ballets 1933 Georges Balanchine. Weill accepte à une seule condition : que l’œuvre soit un ballet chanté. La première a lieu au Théâtre des Champs-Élysées le 7 juin 1933 sous la direction de Maurice Abravanel. L’œuvre, en neuf mouvements (un prologue, sept tableaux correspondant chacun à un des péchés capitaux et un épilogue), reçoit alors un accueil tiède. L’intrigue tourne autour d’une jeune femme, Anna I, et de sa sœur, Anna II, envoyées par leur famille faire un voyage de sept ans en Amérique du Nord afin de gagner l’argent permettant de construire une petite maison sur le Mississippi. Symbolisant les ambivalences de tout être humain, le personnage d’Anna est dédoublé. L’œuvre comporte également un quatuor de voix masculines représentant la famille d’Anna. Traitées de façon parodique, ces voix d’hommes – la mère a une voix de basse! – commentent les péripéties des sœurs qui rencontrent sur leur chemin les tentations des sept péchés capitaux. L’une, irrésistiblement attiré par le vice, l’autre y résistant. Avec cynisme et humour, Brecht et Weil dénoncent en fait l’emprise du capitalisme et de la religion sur l’individu, prisonnier d’une morale parfois tordue. Ainsi, c’est la paresse qui met fin au stratagème des deux sœurs dépouillant d’honnêtes passants, c’est l’orgueil qui empêche de faire de l’argent en se dénudant, la colère qui permet de ne pas se faire humilier par un acteur et la gourmandise qui fait manger une pomme en cachette alors qu’il est interdit comme actrice de prendre un seul gramme. Également, la luxure sauve Anna d’une union arrangée au détriment de l’amour véritable, l’avarice la détourne d’une vie de séductrice et l’envie lui montre qu’elle pourrait devenir une femme honnête comme les autres. Le côté obscur du personnage l’emporte néanmoins dans l’Épilogue où Anna rentre auprès de sa famille avec tous ses gains obtenus de façon immorale.
Écrites dans le même style que ces œuvres précédentes, Les Sept péchés capitaux sont un heureux amalgame de jazz, vaudeville, tango, polka, musique de style « Barbershop » et chansons de cabaret.